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LE SYNDROME HÉMORRAGIQUE JÉJUNAL BRUTAL ET PRESQUE TOUJOURS MORTEL

CLAIRE OSDOIT, VÉTÉRINAIRE AU GDS DE L'ORNE

Consommatrices de concentrés, les vaches hautes productrices sont les plus exposées.

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CONNU DEPUIS UNE DIZAINE D'ANNÉES, D'ABORD APPARU OUTRE-ATLANTIQUE, le syndrome hémorragique jéjunal se rencontre de plus en plus fréquemment. Dans l'Orne, plusieurs exploitations laitières ont été atteintes cet hiver. Brutal, presque toujours mortel, il touche une seule ou plusieurs vaches du troupeau. Les élevages laitiers à forte production sont les plus exposés. L'origine en est encore mal connue mais des mesures préventives sont possibles.

Comment le reconnaître ? Dans la plupart des cas, l'éleveur remarquera une vache dont la production laitière chute brutalement, qui ne mange plus, dont l'abdomen semble distendu et qui peut avoir des coliques. À l'examen rapproché, s'il suit la méthode d'examen proposée dans les formations « Éleveur, infirmier de ses bovins », il notera en plus que l'animal n'a pas de fièvre, que son rumen ne fonctionne plus et ses muqueuses sont pâles. À la fouille rectale, les bouses sont rares, plutôt diarrhéiques et souvent mêlées de sang frais. C'est un signe d'appel urgent au vétérinaire.

• Quel traitement ?

Malheureusement, si le vétérinaire confirme le diagnostic, le pronostic est sombre. Si la vache n'est pas trop abattue, une opération est parfois tentée mais ses chances de succès sont minimes.

• Quelle origine ?

Que s'est-il donc passé ? Une portion localisée de l'intestin, au niveau du jéjunum, s'est enflammée, nécrosée, et une hémorragie s'est produite dans la lumière intestinale entraînant la formation de gros caillots.

Une hypothèse est l'ingestion d'ensilages mal fermentés dans lesquels des moisissures de type Aspergillus et des clostridies peuvent se multiplier et libérer des toxines.

Mais le plus généralement admis maintenant est que pour une raison alimentaire, le pH et la motilité de l'intestin sont modifiés. Des conditions favorables à la multiplication du germe Clostridium perfringens de type A sont réunies. Cette bactérie est présente fréquemment dans la flore digestive des bovins sains. En milieu anaérobie et en présence d'un taux élevé de glucides et de substrats protéiniques, elle va produire des toxines responsables des lésions observées.

C'est pourquoi les facteurs de risques sont : une forte proportion de concentrés dans l'alimentation, une augmentation brutale de l'énergie, une baisse de la fibrosité de la ration ou encore des ensilages mal fermentés. On comprend donc que les vaches laitières hautes productrices soient les plus touchées, même si cette maladie peut se rencontrer dans toutes les catégories de bovins. Certaines vaches plus « gloutonnes » sont de bonnes candidates à ce genre de problème.

• Quelle prévention ?

Si un cas apparaît dans votre cheptel, il faudra rapidement vérifier l'équilibre de la ration. La prévention consiste à éviter les risques d'acidose et assurer des transitions alimentaires progressives.

Autre prévention : la vaccination contre les entérotoxémies. Elle semble avoir un effet protecteur sur le syndrome hémorragique jéjunal. Ce syndrome est d'ailleurs parfois aussi appelé l'entérotoxémie lente. Mettre donc en place cette vaccination car plusieurs animaux sont parfois touchés dans un cheptel, et ce sont les plus performants.

À la fouille rectale, les bouses sont rares, plutôt diarrhéiques et souvent mêlées de sang frais. Il faut appeler le vétérinaire en urgence.

© CLAUDIUS THIRIET

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